Alors qu’il est fermé au public depuis 25 ans faute de moyens nécessaires à sa rénovation, les éluEs de Billom imaginent une occupation de l’ancien collège jésuite, monument historique, presque tel quel, par l’installation d’une permanence architecturale et sur le principe d’une programmation ouverte pendant trois ans. L’association Rural Combo, missionnée par la Ville, s’y installe en 2019 pour une remise en usage et en vie.
Cette phase d’expérimentation de divers usages conduit à une ouverture progressive et durable de ce lieu, à le faire (re)connaître, à permettre aux habitantEs de se l’approprier, à accueillir des porteurs et porteuses de projet et à tester des activités et des usages in situ. Elle permet aussi de montrer l’ampleur des travaux de sauvegarde nécessaires à sa réouverture – d’ailleurs certains réalisés par les occupantEs-, le programme de ces travaux conséquents étant en partie issu du travail de la permanence et des opportunités qu’elle aperçoit. Mais aussi une mobilisation habitante et une structuration de gouvernance, prémices possibles d’une maîtrise d’ouvrage et gestion partagée, plaçant de fait la maîtrise d’usage au centre de la maîtrise d’ouvrage. Toutefois, la démarche de programmation ouverte peu commune à la collectivité et aux services de l’État pour ce type de monument, s’accommode mal des protocoles usuels (cadres d’intervention, lignes budgétaires,…). Elle amène à changer de regard, définir collectivement de nouvelles manières de faire pour assurer la restauration et la pérennisation de ce patrimoine.
Pour répondre à des interrogations opérationnelles sur cette remise en usage progressive, la Ville de Billom et Rural Combo, accompagnés par la Preuve par 7, ont souhaité mettre sur pied, après deux années d’expérimentations dans le collège, un atelier de travail avec les services de la DRAC associant également les administrations centrales des ministères de la Culture et de la Cohésion des territoire et de la Transition écologique, très impliquées sur ce sujet du patrimoine et de son réusage. Partageant les mêmes intentions et objectif de préservation du site, ils ont travaillé à définir collectivement un cadre d’intervention pour remettre progressivement le patrimoine en usage afin de contribuer à la revalorisation du lieu, dans l’anticipation de ce qui serait dans tous les cas nécessaire à son ouverture quelqu’en soit la programmation future. Forte des liens tissés avec d’autres acteurs et sites de projet, la Preuve par 7 a associé le collectif Zerm à ces échanges dans une logique de compagnonnage. Le collectif, qui a investi le Couvent des Clarisses à Roubaix où il teste l’occupation quotidienne du couvent comme méthode de réhabilitation a fait face aux mêmes questionnements qui l’ont conduit à expérimenter un cadre d’intervention co-construit avec les services de l’État dit « mandat patrimoine », adapté aux spécificités de ce bâtiment également inscrit au titre des monuments historiques.