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PopPart, programme participatif de recherche avec les jeunes des quartiers populaires.

PopPart, programme participatif de recherche avec les jeunes des quartiers populaires.

PopPart, programme participatif de recherche avec les jeunes des quartiers populaires – Marie-Hélène Bacqué

29 novembre 2019 / Théâtre de Gennevilliers / Deuxième journée d’étude de la Preuve par 7

Marie-Hélène Bacqué est une professeure en étude urbaine à l’Université de Nanterre, elle travaille notamment sur les transformations des quartiers populaires et sur la démocratie urbaine. Elle a participé à la mise en place d’un programme de recherche qui s’intitule PopPart : un programme participatif sur les quartiers populaires. « Depuis 2017, et ce jusqu’en 2020, on a travaillé avec des chercheurs dans des quartiers populaires sur dix villes différentes, ainsi qu’avec une dizaine de jeunes de chaque quartier. À partir d’outils vidéos, on va jusqu’à la réalisation d’un ouvrage participatif co-écrit ».

→ Pourquoi avoir mis en place ce programme participatif de recherche ?

« Les jeunes des quartiers populaires font l’objet de politiques publiques. Nous avions envie de proposer une autre manière de les impliquer. On voulait travailler d’une autre façon et partir de l’expérience que ces jeunes font de leurs quartiers ; quelles formes urbaines sont perçues, quel rapport à la capitale… Nous pensons que travailler sur l’analyse de son quotidien, c’est développer un imaginaire pour le futur. L’idée de la démarche est de mettre en avant ce droit à la recherche à travers une pratique innovante. Pour les chercheurs, ça amène à revoir certaines méthodes de travail : une difficulté importante, c’est d’être à la fois dans une posture participative et avoir du recul. Cette posture objectivante, on a essayé de la construire avec les jeunes. Pour nous, cela nécessitait d’apprendre à voir depuis leur point de vue et avec eux. Pour cet apprentissage, nous avons utilisé l’outil vidéo en proposant aux jeunes de faire des premiers montages. C’est un outil très appropriable, parfois plus que l’écrit. À titre d’exemple, un groupe de jeunes filles s’exprimait assez peu durant les ateliers, mais une fois la caméra en main, elles se sont mises à diffuser toute une série de messages.»

→ Quels sont vos retours d’expériences ?

«Être jeune dans un quartier populaire de Paris, c’est parfois plus difficile que dans un quartier de banlieue car on ressent moins la dimension collective. L’exercice premier était de travailler sur les mots et les lieux du quartier : les lieux dans lesquels on se sent bien. On a fait des ateliers non-mixtes et mixtes qui portaient sur le rapport aux autres dans le quartier. On a remarqué que les jeunes qui travaillaient avec nous ne sont pas du tout ‘enfermés’ dans leur quartier ; un « Grand Paris populaire » se constitue. On a ensuite réuni tous les jeunes ensembles, à l’École d’Architecture de la Villette. Sur 120 jeunes, on pensait que seulement une trentaine viendrait. Ils sont finalement tous venus. Ils étaient très contents d’avoir l’occasion de parler de leur quartier. Lors de cette journée, on a proposé de travailler ensemble sur certains mots. On leur a proposé le mot « engagement », ils ont préféré « gilets-jaunes ». Dans leur pratique, il y a énormément de formes d’engagements, divers et ponctuels. Les jeunes vont faire des maraudes auprès des réfugiés et des sans-abris. Certains jeunes ont d’ailleurs par la suite créés leur association pour ‘maîtriser’ leurs engagements.

Sans que ça soit prévu, ils nous ont sollicités pour travailler plus longuement ensemble. On a donc proposé un week-end d’écriture à Garchy, dans un lieu prêté par la municipalité de Nanterre. Avec un groupe de plus de 80 jeunes, nous avons à nouveau travaillé autour de mots choisis et d’autres apparus en cours de route. L’ensemble de ces mots et recherches constituera la trame d’un futur ouvrage, que nous publierons sous la forme d’un abécédaire.»

→ Quels enjeux votre démarche soulève-t-elle ?

«Faire de la participation représente un véritable défi pour les chercheurs car il s’agit d’ouvrir son protocole de recherche, de travailler dans la transparence. Cela pose aussi des questions sur les rapports de pouvoir. Comment mesurer une interaction entre une professeure de 60 ans et des jeunes ? Il existe des moyens de renverser ces rapports de pouvoir, mais ils se trouvent en différents endroits : entre jeunes, avec les éducateurs et les chercheurs,… Ce n’est pas forcément ce qui se passe autour de la table mais plutôt dans des discussions en « off » ; il faut savoir jouer avec ça et c’est très intéressant.

Comment aller ensemble jusqu’à la production d’une analyse ? Comment faire en sorte que chacun ait son rôle et que son type de savoir soit reconnu dans le processus ? Sous quelle forme ? Cet exercice est passionnant car il amène à repenser la manière de faire une recherche et cela pose de nouveaux enjeux collectifs. Par exemple, quand on produit un livre avec des jeunes, c’est plus compliqué de trouver la forme et mais aussi de trouver un éditeur».

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27, passage Courtois, Paris 11ème

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