Le 30 mai dernier, dans le cadre de la Chaire de philosophie à l’hôpital, Patrick Bouchain, fondateur de la Preuve par 7, intervenait auprès de Romain Julliard, professeur d’écologie et directeur du centre de compétences en sciences participative Mosaic, au Muséum nationale d’histoire naturelle / Sorbonne Université, lors d’une séance du séminaire Soins, nature et patrimoine intitulée « prédire, prévoir ou prévenir : à la recherche de la résilience », à l’Établissement Public Départemental de Santé Mentale de l’Aisne.
Souvent qualifiées de présentistes, nos sociétés peinent à se projeter dans le temps long. De nombreux exemples en témoignent : la faiblesse de la prévention en santé publique ; la difficulté à initier des actions écologiques pour éviter des dommages certains mais pas encore suffisamment perceptibles ; ou encore la tendance à édifier des bâtiments minimisant les coûts de construction immédiats sans prendre en compte leur faible durée de vie et leur démantèlement à venir. Qu’il s’agisse de génétique ou d’intelligence artificielle, les prétentions à prédire l’avenir par la technologie entretiennent le dangereux mythe prométhéen d’une humanité maîtrisant la vie. Plus modeste, l’ambition scientifique de prévoir au mieux les phénomènes à venir se heurte souvent à l’extrême complexité des interdépendances et des contingences qui caractérisent le vivant. Dès lors, il apparaît plus sage de miser sur la prévention et la résilience en valorisant l’adaptabilité, la sobriété et l’expertise citoyenne afin de croiser les savoirs et de s’inscrire autant que possible avec et non plus contre les grandes dynamiques naturelles.
Cette séance a détaillé cette approche qui peut sembler plus modeste dans les fins mais se révèle plus ambitieuse dans la méthode et l’illustre par des exemples de réalisation.