Expérimenter
Expérimenter pour renouveler les cadres et ménager nos territoires
Depuis 2018, la Preuve par 7 met à l’épreuve l’esprit du « permis de faire » pour une dizaine de projets d’architecture, d’urbanisme, aux échelles territoriales variées. Cet esprit, c’est d’expérimenter sur le terrain des manières de faire appropriées, qui répondent aux enjeux locaux et communs, pour dégager des jurisprudences qui pourront, en retour, nourrir la loi, les politiques publiques et légitimer des pratiques de la société civile.
La méthode : essayer, mettre à l’épreuve, éprouver des usages inattendus grâce à la programmation ouverte ; dessiner de nouvelles manières de construire la ville collectivement en testant des usages sur le site même du projet avant de dessiner et de lancer une commande ; œuvrer au-delà du tandem élu-technicien ; promouvoir une réflexion ancrée dans la pratique quotidienne du terrain ; et revendiquer un droit à l’expérimentation par les montages (juridiques, techniques, opérationnels) et les usages.
À travers ces accompagnements sur les terrains et en mobilisant les partenaires institutionnelLEs, l’objectif est de donner à voir les expérimentations à l’œuvre, promouvoir des outils de projet nouveaux que sont la permanence architecturale, la programmation ouverte, la réunion inédite des acteurs et actrices : éluEs, de la société civile, des institutions, des écoles et des professionnelLEs de l’urbanisme.
La loi générale et la réplication de modèles uniformisés dans la commande ne permettent que très difficilement l’appropriation d’un bâti existant, local et singulier. Reconnaître les jurisprudences et les précédents, ouvrir le champ de l’expérimentation pour permettre à l’imagination et à la création de s’émanciper des cadres parfois trop contraints, c’est travailler sur une meilleure habitabilité de nos territoires. C’est aussi redonner une capacité d’agir en local, d’œuvrer et de trouver des solutions à partir du terrain.
Il s’agit désormais de prendre acte de tous ces pas de côté, de transmettre les récits de ces expérimentations mais aussi les outils techniques et juridiques, afin de tirer des enseignements pour le passage à d’autres échelles, et ainsi les inscrire dans les pratiques, l’action publique et dans le droit.
La Preuve par 7 sur le terrain
À partir de 2018, la Preuve par 7 est devenue partenaire sur le terrain d’une dizaine de projets d’équipements, urbains, de territoire, répartis en sept échelles, du village à la métropole régionale, qui ont permis, avec les acteurs et actrices locales, de mettre à l’épreuve de manière chaque fois singulière le permis de faire.
La Preuve par 7 accompagne encore de manière ponctuelle les projets de Lunel, Bagneux, Gennevilliers, Chiconi, Pérignat, Billom et Montjustin. Ces projets ont soulevé des problématiques sur lesquelles l’équipe continue de travailler.
Aujourd’hui, la Preuve par 7 accompagne de nouveaux projets, crée des liens d’entraide entre eux et documente leurs démarches. A partir de 2022, elle a notamment pu réunir et travailler avec des porteurs et porteuses de projets et les services déconcentrés de l’Etat autour de deux thématiques : la réversibilité du patrimoine historique et vernaculaire et les questions de propriétés et de gestion commune du foncier et de l’habitat. Ce compagnonnage et cette coopération territoriale sont l’occasion de faire école et de créer une culture commune.
Dans une perspective d’essaimage, de partage et de transmission des expérimentations, la Preuve par 7 répond également aux sollicitations et aux questionnements de porteurs et porteuses de projets sur la mise en œuvre de la permanence architecturale, notamment via son centre de ressources, l’École du terrain, qui permet un partage en libre accès de récits, bibliographies et documents techniques contextualisés.
Patrimoines et réusages
Aujourd’hui, le territoire est parsemé de lieux vacants hérités d’un passé proche ou lointain, publics ou privés, communs ou extraordinaires, monuments historiques, vernaculaires, populaires et parfois sacrés. Ce sont d’anciens corps de ferme, des maisons de bourg, des cités minières, des écoles, des bâtiments religieux désacralisés, des dents creuses, des centres commerciaux… Parfois ces lieux sont inhabités depuis longtemps, passent inaperçus, ont perdu leur valeur ou sont même déconsidérés, voire dégradés.
Certains d’entre eux, monuments historiques par exemple, font l’objet de fortes protections réglementaires tandis que d’autres ne suscitent plus d’intérêt. Dès lors, entre perte d’utilité et surprotection, comment les regarder, les apprécier, imaginer à partir d’eux des usages contemporains répondant aux besoins et aux désirs locaux ?
Foncier et habitats en commun
Pouvoir aujourd’hui habiter sur son territoire dans des conditions dignes : de nouveaux montages d’accès au foncier travaillent autour de cette problématique, via une maîtrise publique ou collective par les territoires. Peut-on se réunir collectivement pour inventer de nouvelles façon d’habiter en coopération ? Peut-on travailler directement avec des opérateurs afin de construire mais aussi de gérer différemment l’accès au foncier et questionner la notion de propriété collective ? Au-delà du logement, c’est la question plus générale de l’habitabilité de nos territoires qui est ici creusée.